Les projections actuelles sur l’évolution du climat et de la biodiversité sont si alarmantes qu’il est tout à fait plausible d’envisager que se réunira un tribunal pénal international sur les crimes environnementaux aux alentours de 2050, lorsque la température moyenne du globe aura fortement augmenté et qu’une partie des espèces auront disparu.
Mais un tel tribunal de l’histoire serait doublement problématique parce qu’il arriverait après la catastrophe et parce qu’il relèverait d’un usage simplificateur du passé, bref effacerait la dynamique de la confrontation entre les mondes, leurs manières de représenter la Terre et de l’occuper.
La tribune populaire consiste donc à s’emparer collectivement et expérimentalement de cette question de la responsabilité en organisant dès maintenant le tribunal citoyen de 2050 sur les questions environnementales et climatiques sous la forme d’une représentation théâtrale le 19 mai de 14h à 16h30 au théâtre des Amandiers à Nanterre.
La représentation a été préparée en amont par les étudiants en master de Sciences Po qui, dans le cadre du cours de Grégory Quenet pour la formation commune (« Climat, environnement : faut-il réécrire l’histoire ?) ont rédigé et prononcé des plaidoiries en s’affranchissant du cadre normatif de la responsabilité nationale pour penser la multiplicité des collectifs qui ont façonné l’histoire de la Terre, et élaborer de nouvelles alliances terriennes par-delà tous les partages habituels. Sur la scène du théâtre et dans le temps de la représentation, toutes les recompositions seront possibles, au gré des frictions entre les êtres peuplant la planète, au plus près des dynamiques de formation des territoires et des rapports de force géopolitiques. Faut-il désigner des coupables ou y renoncer ? Prononcer des condamnations exécutables ou transformer le tribunal en tribune ? Juger ou comprendre ?
Il s’agit ni plus ni moins que de conjurer la crise de 2050 en prenant acte d’une manière caduque et inopérante de poser les responsabilités environnementales et climatiques. S’il faut inventer un autre monde, renversons la chronologie du processus révolutionnaire, sans attendre l’emballement des condamnations et de la radicalisation qui procède de l’échec à répondre aux revendications et d’un contexte de plus en plus dramatique.
La représentation est ouverte à tous les publics. Chacune et chacun peut devenir acteur du tribunal sur scène ou dans la salle, en préparant ou en improvisant, en écrivant des textes ou en produisant des matériaux à projeter sur le plateau.
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